La Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants vient de rendre son rapport (17/11/2023).
Les postures sociales d'aujourd'hui auraient finalement - et définitivement ? - établi un consensus moral autour de l'inceste et de la pédocriminalité : certaines réalités cachées sont d'ores et déjà considérées comme ''hors la loi''. Mais les faits subsistent, et perdurent longtemps...
Difficile d'imaginer qu'il ne se passe pas un quart d'heure sans qu'un enfant ne subisse un acte qualifiable de ''violence sexuelle''... Et lorsqu'on évoque, en France, plus d'une centaine de milliers de cas annuels recensés, le cadre du ''simple fait divers'' est largement dépassé : il s'agit de reconnaître l'existence d'un profond et véritable ''phénomène social'', lequel est loin d'être nouveau.
Ainsi, et d'une manière, hélas !, imparable et exponentielle, ce sont plusieurs millions d'anciennes victimes que nous côtoyons chaque jour. À leurs corps défendant et nos yeux ignorants.
Durant de nombreux siècles, l'inceste fut inscrit en caractères graves dans les Livres théologiques ; ce qui fut néanmoins bien plus tardif que de nombreuses cultures ancestrales, lesquelles avaient inventé depuis belle lurette le concept ainsi que le terme de ''tabou*''. Reconnaissons qu'il fallut chercher beaucoup moins loin pour le vocable ''omerta''...
Et il nous faut aussi admettre que seule la psychanalyse, au début du XXe s., tentera d'en lever le voile et d'en expliquer les fondements.
Mais ''Mémé 68'', les années 70 et leur slogan du ''jouir sans entraves**'' allaient en effectuer une remise en cause radicale, par une sorte de dérive plus intellectuelle que culturelle : c'est principalement une médiatisation littéraire échevelée qui en fut le vecteur. Ses thuriféraires eurent alors, et ce pendant une bonne décennie, pognon sur rue, colonnes, tribunes et même écrans ouverts - et pas toujours après 22 h - pour parader tels des innovateurs audacieux, des héros pointés.
Ces heures, erreurs et errements-là (ne faudrait-il pas s'en réjouir ?) ne sont plus : quelles qu'en soient les raisons - morales, éthiques, voire économiques*** - la parole et les témoignages irréfutables des victimes commencent à poindre et se multiplient. Il semble bien qu'il était grand temps et qu'il ne soit jamais trop tard, tant leurs silences et leurs patiences sont à bout...
____________
* Mot repris - ''tapu'', par l'anglais ''taboo'' en l'occurrence - aux civilisations polynésiennes rencontrées par Cook, au XVIIIe s.
**...et ''il est interdit d'interdire'' !
*** La ''réparation'' des désordres et traumatismes causés aux victimes coûteraient ''un pognon de dingue'' !