1905*, c'était encore la Belle Époque. Celle où l'on pouvait siéger à l'Assemblée qui en soutane ou redingote lustrée, qui arborant d'extravagantes rouflaquettes et moustaches à la gauloise, en chapeau claque ou haut-de-forme.
Et des hauts, il y en eut certes, mais surtout et aussi débats. Neuf mois pour le moins, c'est le temps qu'il fallut aux députés de tous bords pour aborder puis dépasser le sujet et finalement répondre à la question cruciale : "Comment séculariser la République française ?"
En n'y regardant qu'une seule et unique foi(s), le régime qui prévalait encore était celui d'un Concordat imposé par Napoléon 1er depuis 1802.
On connaît la propension de nos élus à gérer le temps long**. Mais là, cent ans c'était lassant, tant un siècle, pour le législateur rompu au mouvement perpétuel, est pire que les calendes grecques : c'était remonter à Néandertal, que dis-je, aux jurassiques Parques !
Que ce fut hors ou dans l’Assemblée – urbi et orbi, oserait-on dire - les attentes de gauche comme de droite faisaient que l'on ne pouvait plus garder la balle au centre.
Nombreux furent les paradoxes à manier. L'un des tous premiers fut la personnalité même du Président du Conseil, chef du gouvernement sous lequel fut déposé le texte : un ancien séminariste défroqué devenu athée, puis radical-socialiste*** et franc-maçon... autrement dit, un comble, Combes**** !
Second paradoxe : parmi les représentants du clergé catholique, certains refusèrent la liberté octroyée par le texte... pour rester des fonctionnaires rémunérés par l'État !
Et troisièmement, chez les plus acharnés des anti-cléricaux, désireux de faire le coup de poing ou de pied aux cultes, occulte était aussi le dessein qu’on leur prêtait : celui d’imaginer que rompre avec Rome créerait (au moins) un schisme, voire le renouveau d’un gallicanisme... typiquement d’Ancien Régime !
NB : Si le quiz qui s’ensuit venait à ne pas vous déplaire, vous pouvez toujours lâcher un « laïc »...
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* Le 11 décembre, parution au Journal Officiel.
** Rappelons-nous ce mot d’un député octogénaire de la IIIe République auquel on suggérait un retrait : "Je resterai député jusqu'à ma mort, après quoi j'irai au Sénat !"
*** Le radical-socialiste étant précisément – autre paradoxe - le moins radical des socialistes !
**** Émile Combes (1835-1921), bien qu’ayant dû démissionner avant la promulgation de ladite loi, restera, lui, sénateur jusqu’à sa mort.