« Coucou ! Me revoilou... » On la croyait définitivement perdue dans quelque impénétrable et lointaine forêt hercynienne, mais elle est retour : la pendule à coucou coucoulera* encore de belles heures - nonobstant de rares ronchonnements agacés - pour le bonheur du plus grand nombre.
Ah, il est joli, le coucou !**… Considérons d’abord le volatile, qui véhicule depuis belle heurette*** une réputation peu enviable (traître, infidèle, parasite et… meurtrier), tout ceci au demeurant non injustifié. Il fut aussi un symbole de jalousie, grave péché parmi les mortels. Il n’en fallut d’ailleurs pas plus à notre langue françoise, si preste aux commérages, pour lui chiper son nom et le faire… « cocu ».
Mais baste ! Malgré cela, c’est avant tout son chant, cet appel de deux notes bien balancées, qui nous le rend si sympathique à l’orée des sylves printanières. Comme aurait pu le dire un illustre professeur à manteau et melon verts, « Revenons à nos pendules ! »
C’est qu’elle aurait pu disparaître de tous les radars, cette fameuse pendule pour kitchenette kitch, car les obstacles furent nombreux ! Ajoutant le son aux Lumières pour palier précisément à une mévente dans le secteur horloger, elle a vaillamment résisté aux avant-guerres, guerres et après-guerres continuels et successifs, à un petit vol d’oiseau des frontières germano-franco-suisses et autrichiennes****.
La paix revenue, on fut en butte au retrait des effectifs d’occupations étrangères, lesquels avaient constitué, quelques décennies durant, la meilleure des clientèles. Puis aux concurrences étrangères : helvétiques à l’origine, puis extrêmes-orientales pour finir principalement chinoises.
Enfin, cerise sur la forêt-noire, les prouesses technologiques pointèrent à l’horizon des siècles XX et XXI : il n’était plus l’heure alors d’ignorer le mouvement ou de se moquer du tiers comme du quartz.
De fait, il nous faut constater qu’aujourd’hui, tant l’animal que l’objet, aucun n’est heureusement en voie de disparaître.
Une morale, tout de même : Mieux vaut l'avoir en pendule qu'en pension, le coucou.
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* Si d'aucunes « croulent » ou « roucoulent », le coucou, lui, « coucoule ».
** « Joli coucou » : Chanson un peu leste de la tradition du « kan e diskan » morbihannais, pérennisée notamment par les frères Morvan.
*** Locution d’origine ayant donné, par métanalyse, la « belle lurette »
**** On peut entendre, dans le répertoire du « yodel » tyrolien, nombre d’appels du cuculidé en question !